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Parmi les 234 personnes secourues par l’Ocean Viking du 22 au 26 octobre puis débarquées à Toulon le 11 novembre dernier, près de cinquante étaient mineures, dont plus d’une quarantaine non–accompagnées. Le 20 novembre marquait la Journée internationale des droits de l’enfant. Le premier de ces droits est celui de vivre, Retrouvez notre dossier sur cette jeunesse naufragée qui constitue le quart des personnes secourues en mer par SOS MEDITERRANEE depuis 2016, une proportion nettement à la hausse puisqu’elle atteint 34% en 2022. 

Des enfants, pas seulement des « migrants »

Ils et elles s’appellent Sekou, Esther, Souleyman, Sabtou, Yasmine, Peter, Saïd, Magdi, Noura, Youssouf, Abdo, Maïmouna, Asante, Ali, Samy, Hamid et Ibrahim. Avant d’être des « migrants », ce sont avant tout des adolescent.e.s avec des histoires singulières, souvent très difficiles, celles d’êtres humains rendu.e.s vulnérables du fait de leur âge, de leur isolement et des dangers du périple qui les a mené.e.s sur la route migratoire maritime la plus mortelle au monde depuis 2014 : la Méditerranée centrale.

Dans un dossier intitulé « Jeunesse naufragée – Témoignage des personnes mineures secourues par l’Aquarius puis par l’Ocean Viking », SOS MEDITERRANEE fait résonner les voix de 17 adolescentes et adolescents de 12 à 17 ans qui ont vécu l’exil et la traversée de la Méditerranée. Ces jeunes représentent le quart des personnes rescapées recueillies sur notre navire depuis 2016, une proportion qui augmente d’année en année. Ces témoignages, collectés sur le navire peu après leur sauvetage, mettent en lumière les raisons de leur départ, les difficultés rencontrées sur leur parcours, les sévices subis dans « l’enfer libyen », la traversée de la mer sur une embarcation de fortune, leur sauvetage et leur prise en charge à bord. Il s’agit de donner un visage à cette jeunesse naufragée, pourtant porteuse d’espoir, trop souvent enfermée dans le terme de « migrant ».

Droits de l’enfant… une application encore inégalitaire
La Convention internationale des droits de l’enfant a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations-Unies le 20 novembre 1989 et ratifié par 195 États. C’est le traité relatif aux droits humains le plus largement ratifié de l’histoire… et pourtant, son application fait cruellement défaut selon les récits de nos jeunes rescapé.e.s, qui rapportent régulièrement avoir été victimes de kidnapping, d’extorsion, de torture, de viols, avant d’avoir été jeté.e.s à la mer au péril de leur vie…

Parmi ses 54 articles relatifs aux droits sociaux, économiques, civils, culturels et politiques qui devraient être applicables à tous les enfants du monde sans discrimination, SOS MEDITERRANEE essaie, à son échelle, pendant la brève parenthèse de leur séjour à bord de son navire de sauvetage, d’en mettre en œuvre quelques-uns : le droit d’être soigné ; le droit d’être protégé de la violence, de la maltraitance et de toute forme d’abus et d’exploitation ; le droit d’avoir un refuge, d’être secouru et d’avoir des conditions de vie décentes.

Le texte intégral de la Convention internationale des droits de l’enfant est disponible sur ce lien.

Mission protection

La protection de toutes les personnes rescapées à bord des navires de SOS MEDITERRANEE demeure une priorité jusqu’au débarquement dans un port sûr, comme le prévoit le droit maritime international. Une attention particulière est portée à ces rescapé.e.s mineur.e.s doublement vulnérables.

Après avoir fui son pays et bravé la mort en mer, cet adolescent de 12 ans secouru par l’Ocean Viking en octobre 2022, a dû patienter pendant trois semaines avant d’être débarqué à Toulon le 11 novembre 2022. Son courage, sa résilience et son sourire qui ne le quittait jamais ont été un exemple pour les autres personnes rescapées comme pour l’équipage. Photo : Camille Martin-Juan / SOS MEDITERRANEE

Dès leur arrivée à bord de notre navire de sauvetage, on identifie les  plus vulnérables – personnes ayant été particulièrement exposées à des souffrances physiques, psychologiques ou les deux, et nécessitant de fait une protection et une attention médicale et humanitaire appropriée. Les mineur.e.s voyageant seul.e.s sont « enregistré.e.s » et muni.e.s d’un bracelet d’une couleur spécifique afin de mieux les accompagner.

Chaque membre de l’équipe est formé.e aux premiers secours psychologiques. Il s’agit avant tout de rester en alerte : écouter celles et ceux qui souhaitent parler ; repérer les plus reclu.e.s dans le silence ; et savoir passer le relais aux spécialistes au sein de l’équipe médicale ou des soins lorsque les récits se font trop difficiles à entendre.

Outre cette écoute psychologique professionnelle essentielle même pour la durée relativement courte de la traversée vers un lieu sûr de débarquement, le signalement des cas particulièrement vulnérables aux autorités et aux organisations spécialisées dans la protection internationale est assuré dès l’arrivée au port afin que se poursuive leur prise en charge.

L’association porte également une mission de témoignage tout aussi vitale. Ce dossier rassemble des extraits de dix-sept témoignages de jeunes recueillis entre 2016 et 2022 qui révèlent au grand jour le drame qui se déroule en mer aux portes de l’Europe, dans l’indifférence quasi générale, et de montrer la résilience extraordinaire dont fait preuve cette jeunesse naufragée.

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