REGARDS SUR LA MÉDITERRANÉE CENTRALE #39 500 personnes ramenées illégalement en Libye, près de 380 autres secourues

DATE

[27.04. – 10.05.22] Cette publication de SOS MEDITERRANEE a pour but de faire le point sur les évènements qui se sont déroulés en Méditerranée centrale au cours des deux dernières semaines. Il ne s’agit pas de livrer une revue exhaustive des faits, mais plutôt de fournir des informations sur l’actualité de la recherche et du sauvetage dans la zone où nous intervenons depuis 2016, sur la base de rapports publiés par différentes ONG et organisations internationales ainsi que par la presse internationale.

 

Près de 380 femmes, enfants et hommes sauvé.e.s d’une mort imminente malgré le manque constant de coordination des opérations de recherche et sauvetage

Les 101 rescapé.e.s secouru.e.s le 23 avril par le Geo Barents ont débarqué au port d’Augusta, en Sicile, le 2 mai. Le navire de Médecins Sans Frontières a mis le cap vers la Méditerranée centrale deux jours plus tard.

Parmi les 295 personnes rescapées secourues par l’Ocean Viking entre le 24 et le 27 avril, un patient a dû être évacué en urgence le 3 mai. Il a été transporté par les garde-côtes italiens dans un hôpital disposant d’un service de chirurgie. Après douze demandes d’attribution d’un lieu sûr et dix jours après le premier sauvetage, les 294 personnes rescapées ont finalement été autorisées à débarquer dans le port de Pozzallo, en Sicile, le 4 mai. Deux jours ont été nécessaires pour que toutes les personnes secourues puissent quitter notre navire et atteindre un lieu sûr le 6 mai.

Les 4 et 9 mai, le Sea-Watch 4 a secouru respectivement 57 et 88 personnes sur deux embarcations en détresse en mer. 145 rescapé.e.s se trouvent actuellement à bord du navire.

Le 9 mai, l’équipe de Médecins Sans Frontières à bord du Geo Barents a secouru « environ 200 personnes sur deux embarcations en détresse ». Le 10 mai, le Geo Barents a porté assistance à 59 autres personnes en détresse en zone de recherche et sauvetage libyenne.

A deux occasions ces deux dernières semaines, un patrouilleur libyen s’est approché de très près de navires humanitaires (Sea-Eye 4 le 4 mai et Geo Barents le 9 mai). Une autre rencontre rapprochée d’un navire des garde-côtes libyens avec l’Ocean Viking s’était aussi produite à deux reprises fin avril.

Entre le 6 et le 9 mai, selon Sea-Eye et Alarm Phone, une embarcation en détresse transportant 34 personnes dans la zone de recherche et sauvetage maltaise a été assistée et secourue grâce à une collaboration entre deux navires marchands et le bateau humanitaire Sea-Eye 4, sans aucune coordination de la part du Centre maltais de coordination des secours maritimes (RCC).

Deux morts dans un naufrage au large des côtes italiennes

Selon Associated Press, les garde-côtes italiens ont secouru 109 personnes à bord d’un voilier qui s’était retourné au large des côtes italiennes de Calabre, le 5 mai. Deux corps ont été retrouvés après ce naufrage.

Plusieurs centaines de personnes renvoyées de force en Libye

Selon l’OIM, 500 personnes au total ont été interceptées et ramenées de force en Libye ces deux dernières semaines : 246 entre le 24 et le 30 avril, et 254 au cours de la période du 1er au 7 mai 2022.

Plus de 3 000 personnes sont mortes ou portées disparues en tentant de traverser la Méditerranée en 2021

Selon un rapport publié par l’UNHCR le 29 avril, « plus de 3 000 personnes sont décédées ou portées disparues durant leur tentative de traversée vers l’Europe via la Méditerranée centrale et occidentale ou l’Atlantique l’année dernière. »

A partir du 4 août 2022, l’organisation allemande de recherche et de sauvetage SOS Humanity opérera l’actuel navire de sauvetage Sea-Watch 4 sous le nom de Humanity 1 en Méditerranée.

Le 28 avril, l’organisation de secours en mer Sea-Watch a révélé avoir engagé des poursuites contre Frontex devant le Tribunal de l’Union européenne (EGC) à Luxembourg, pour une affaire liée à une interception par des garde-côtes libyens dans la zone maltaise de recherche et de sauvetage. Cette procédure fait suite au rejet des demandes d’information formulées par Sea Watch selon les règles relatives au droit à la liberté de l’information.

 

Crédit photographique : Jérémie Lusseau / SOS MEDITERRANEE

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