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Bassem* et Hana* ont été secouru.e.s ce 22 octobre 2022 avec leur fille de quatre ans et 31 autres personnes rescapées lors d’une opération de sauvetage en pleine nuit. Le couple a fui la Syrie pour échapper à la violence et à la faim et donner un avenir à leur fille.  

« Ma famille et moi avons quitté la Syrie à cause de la guerre. Je ne peux pas y retourner, car j’y serais enrôlé pour combattre dans l’armée. Nous ne pouvions pas garantir la sécurité de notre enfant ni son éducation. Nous avons donc décidé de partir. Nous avons passé plus d’un an en Libye. C’est la cinquième fois que nous essayons de fuir la Libye par la mer. Les garde-côtes libyens nous ont attrapé.e.s à quatre reprises et nous ont renvoyé.e.s en Libye chaque fois.

Au début, nous avons été kidnappés de Benghazi à Tripoli, à Beni Walid. Ils voulaient de l’argent en échange de notre liberté. Si nous n’avions pas payé, ils nous auraient tué.e.s et auraient vendu un rein ou des parties de notre corps. Nous avons fini par nous échapper et sommes venu.e.s à Tripoli.

Une fois, en mai 2022, notre embarcation a chaviré. Nous avons passé cinq minutes sous le bateau, sans gilet de sauvetage. Neuf personnes sont mortes devant nous. Je peux encore sentir l’odeur du carburant dans l’eau. Nous avons été intercepté.e.s par les garde-côtes libyens et ramené.e.s en Libye. Ma fille de quatre ans se réveille encore la nuit, effrayée, en se rappelant cet événement. Nous essayons de l’aider à oublier.

Avant que vous ne nous sauviez, nous sommes partis de Sabratha sur un bateau en fibre de verre, sans gilets de sauvetage. Même la nourriture n’était pas donnée. Nous ne pouvions que prier pour sauver nos vies. Quand vous êtes en mer, l’eau est tout autour de vous et alors les souvenirs commencent à ressurgir. Vous ne pouvez pas imaginer comment on peut se sentir dans ces moments-là. Quand nous avons vu votre navire, nous ne pouvions pas le croire : était-ce bien réel?

Notre rêve ? L’éducation pour notre fille.  Nous voulons qu’elle grandisse en sécurité ; nous voulons lui offrir une bonne vie. Nous ne voulons plus penser à la violence ou à la faim. »  

 

 

*Les noms des personnes secourues ont été modifiés pour protéger leur identité.  

Crédits : Camille Martin Juan / SOS MEDITERRANEE.

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