« Je m’apelle Marina, j’ai seulement 19 ans et ai vécu l’enfer sur ce bateau, mais je préfère être tuée par la mer que par le gouvernement iranien. »

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« Je m’appelle Marina*, j’ai 19 ans, je suis kurde. Je viens de la ville de Mahabad en Iran.  J’ai dû fuir l’Iran afin de sauver ma vie. Après l’assassinat de Zhina Mahsa Amini*, j’ai protesté. Elle ne méritait pas de mourir simplement parce qu’elle ne portait pas le hijab. Je proteste pour mes droits, pour ma liberté, pour les femmes en Iran.
La situation des femmes dans ce pays est insupportable. En Iran, le gouvernement tue les personnes. Sept de mes amies ont été tuées lors de manifestations. J’ai vu l’une d’entre elles mourir, elle étudiait pour devenir médecin. »

Pendant la manifestation, la police m’a arrêtée. Ils ont fouillé mes comptes sociaux et ont trouvé sur mon Instagram des images qu’ils considèrent comme « anti-gouvernementales ». Je suis libérée, mais proteste de nouveau après que l’un de mes amis soit tué lors d’une manifestation. Le gouvernement m’arrête une nouvelle fois et me condamne à quatre ans de prison et à 75 coups de fouet. Je suis fouettée et sévèrement battue dans une prison surpeuplée, au même titre que des centaines de personnes ayant été arrêtées lors des manifestations. Une jeune fille de 15 ans est morte d’une crise cardiaque en prison à cause des coups de fouet reçus.  

Après avoir passé 15 jours en prison, ma famille réussit à payer 10 000 dollars pour me faire sortir. Comme la police a été violente avec moi, j’ai dû aller à l’hôpital quand j’ai été libérée. La police me recherche toujours en Iran, et si je reviens, je ne serai pas en sécurité.  

J’ai quitté le pays il y a six mois. Je traverse la frontière irakienne à cheval pendant un jour et demi. Mon oncle vit là-bas. Je reste avec lui durant un certain temps, puis je pars pour la Turquie dans le coffre d’une voiture. On nous emmène en bus d’Istanbul jusqu’à une forêt. Nous y passons deux jours, puis embarquons sur un voilier. Nous sommes 75 personnes sur un bateau de 12 mètres. Au bout de trois jours, les toilettes ne fonctionnent plus, au bout de cinq jours, nous n’avons plus de nourriture ni d’eau. 

 J’ai seulement 19 ans et ai vécu l’enfer sur ce bateau, mais je préfère être tuée par la mer que par le gouvernement iranien. Je mérite d’être libre. Je souhaite devenir médecin, c’est mon rêve.  

Nous, les femmes, avons besoin d’un soutien international pour ne pas être tuées par le gouvernement iranien. Les femmes, la vie, la liberté ».  

 

*** *Marina (nom modifié) veut partager son histoire et témoigner à visage découvert malgré les persécutions qu’elle a subies.  

** Zhina Mahsa Amini était une jeune femme kurde iranienne de 22 ans morte en garde à vue en Iran l’année dernière. Sa mort a déclenché la campagne nationale « Woman Life Freedom ». Les autorités iraniennes ont réagi avec force, réprimant des foules de manifestants pour la plupart pacifiques.  

*** « Femmes, vie, liberté » est un slogan utilisé dans les manifestations politiques en faveur des droits des femmes et contre l’oppression. 

 

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