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Prenez part à notre parcours photo sur le sauvetage en mer Méditerranée

Nous vous proposons un parcours qui vous permettra d’en apprendre davantage sur la situation vécue par les personnes migrantes en mer Méditerranée ainsi que sur les opérations de sauvetage en mer.

Ce parcours photo a été organisé par SOS MEDITERRANEE Suisse et ses différentes antennes bénévoles. Retrouvez plus d’informations ici.

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Ce guide en ligne complète notre parcours photo. Vous y trouverez des informations thématiques de fond afin de mieux appréhender notre travail en Méditerranée centrale et d’en apprendre davantage sur le parcours des personnes contraintes à fuir à travers la Méditerranée.

Certains jours, nos bénévoles proposent également des visites guidées. Retrouvez plus d’informations ici.

SOS MEDITERRANEE

Photo : Fabian Mondl et Hara Kaminara / SOS MEDITERRANEE

A propos de nous

SOS MEDITERRANEE est une association citoyenne de sauvetage des personnes en détresse en mer Méditerranée. De février 2016 à décembre 2018, nous avons prêté assistance à 29’523 personnes avec l’Aquarius. Depuis juillet 2019, nous sommes de retour en mer avec un nouveau bateau, l’Ocean Viking, pour continuer à sauver des vies. Retrouvez plus d’informations ici.

Les missions de SOS MEDITERRANEE

  • Sauver des vies humaines – Par des opérations de sauvetage en mer de bateaux en détresse et par des soins d’urgence délivrés à bord des navires de sauvetage ;
  • Protéger & accompagner – Par une écoute et un soutien médico-psychologique ainsi que par un accompagnement vers les dispositifs d’information et d’assistance aux personnes migrantes sur le territoire européen ;
  • Témoigner – Pour informer les opinions publiques européennes de la situation des personnes migrantes en mer Méditerranée, témoigner sur les réalités de la migration et rendre hommage aux personnes disparues ainsi que pour sensibiliser les institutions européennes et gouvernements nationaux sur cette situation.

Plus de 32’000 personnes secourues

SOS MEDITERRANEE intervient en mer avec le navire de sauvetage Ocean Viking pour porter secours à des femmes, des hommes et des enfants en détresse en Méditerranée. Le navire embarque une équipe de marins-sauveteurs professionnel.le.s et une équipe médicale. Depuis février 2016, SOS MEDITERRANEE a secouru plus de 32’000 personnes, en l’absence d’un dispositif de sauvetage en mer mis en place par les États européens.

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La Méditerranée centrale

Photo : Kevin Mc Elvaney / SOS MEDITERRANEE

Depuis 2014, plus de 22’000 personnes ont perdu la vie en Méditerranée, selon les estimations de l’Organisation Internationale des Migrations (OIM).[1] Environ 80 % de ces personnes sont décédées en Méditerranée centrale, la portion de mer entre la Libye et l’Italie qui est la zone d’opération de SOS MEDITERRANEE. Il s’agit aujourd’hui de l’une des routes migratoires les plus meurtrières du monde.

Si la traversée de la Méditerranée centrale est si dangereuse, c’est notamment du fait de la distance séparant la Libye de l’Italie : de 300 à 430 km, soit l’équivalent des distances séparant Lausanne de Nice ou Genève de Paris. D’autre part, les bateaux utilisés pour effectuer cette traversée sont systématiquement surpeuplés, dans un état de fragilité extrême et non adaptés aux conditions de mer :

  • Les bateaux pneumatiques embarquent souvent plus de 100 personnes alors qu’ils sont prévus pour 30 à 60 personnes. Le plancher peut alors se tordre et les personnes assises au milieu peuvent se retrouver écrasées.
  • Certains bateaux en bois comptent parfois plus de 800 personnes à bord alors qu’ils ne sont pas conçus pour cela. Le risque de naufrage est particulièrement important et les chances de survie très faibles.
  • Sans oublier ce qui ne se voit pas sur les photos : ces bateaux n’ont souvent pas suffisamment de carburant pour traverser la Méditerranée, la place manque pour emporter suffisamment de réserves de nourriture et boisson et les personnes à bord n’ont le plus souvent pas de gilets de sauvetage.

Muhammad* nous a raconté comment s’est passé la traversée. Retrouvez ici l’intégralité de son témoignage.

Ces dernières années, la traversée de la Méditerranée centrale est devenue plus dangereuse encore. Le taux de mortalité a explosé et la situation humanitaire s’est encore détériorée. Une augmentation qui s’explique par le manque de capacités de sauvetage en Méditerranée. Depuis 2015 et la fin du programme italien de sauvetage en mer Mare Nostrum, qui avait permis de porter secours à environ 150’000 personnes en détresse, il n’existe plus de programme gouvernemental consacré au sauvetage en mer Méditerranée. Plusieurs organisations citoyennes de sauvetage en mer ont alors été créées, dont SOS MEDITERRANEE.

Depuis 2017 toutefois, les ONG actives dans le sauvetage font face à de fréquents blocages administratifs et judiciaires empêchant leur action. En outre, depuis 2017, un nombre croissant de personnes ont été interceptées en mer par les garde-côtes libyens puis renvoyées de force vers la Libye, où les violations des droits humains sont quotidiennes. Une pratique contraire au droit international.

Les garde-côtes libyens

Le 3 février 2017, les chefs d’Etats européens réunis à Malte ont signé la Déclaration de Malte, qui annonce l’affectation de 200 millions d’euros en Libye, notamment pour le financement, la formation et l’équipement des garde-côtes libyens. La ligne directrice de cette politique consiste à externaliser la gestion de l’immigration auprès des autorités libyennes.

Cette politique européenne se traduit aujourd’hui par la multiplication des interceptions d’embarcations par les garde-côtes libyens. Les personnes à bord sont refoulées en Libye et internées dans des centres de détention où leur intégrité physique et le respect de leurs droits les plus élémentaires ne sont absolument pas assurés. Cette pratique est une totale violation du droit maritime et du droit humanitaire international. En effet, les conventions maritimes (notamment SAR et SOLAS) définissent l’obligation de débarquer les rescapé.e.s dans un « lieu sûr » où leur vie n’est pas mise en péril, leurs besoins humains fondamentaux satisfaits et leurs droits fondamentaux protégés, dans le respect du principe de non-refoulement. Au vu des conditions qui y règnent, la Libye ne peut en aucun cas être considérée comme un lieu sûr.

 

 

Les opérations de sauvetage en Méditerranée centrale

Photo : Stefan Dold / MSF et Anthony Jean / SOS MEDITERRANEE

Retrouvez ici les dernières informations au sujet des opérations de SOS MEDITERRANEE.

Comment se déroule une opération de sauvetage ?

Une opération de sauvetage commence généralement par la détection d’un bateau en détresse. La plupart du temps, les bateaux pneumatiques ou en bois sont surchargés. De plus, les personnes à bord ne disposent que rarement d’équipements de protection suffisants, tels que des gilets de sauvetage.

L’identification d’un bateau en détresse peut se faire de différentes manières :

  • Par la réception d’un appel de détresse par un centre de coordination et de sauvetage en mer ou par un navire se trouvant à proximité du bateau en détresse. Le navire le plus proche est alors tenu de fournir une assistance aussi rapide que possible.
  • Par la détection ou l’observation d’un bateau en détresse. L’équipage de l’Ocean Viking effectue une veille permanente à l’aide de jumelles, d’un radar et d’une caméra infrarouge. Dès qu’un membre d’équipage repère un bateau en détresse, le coordinateur ou la coordinatrice de recherche et de sauvetage à bord demande à l’autorité de coordination compétente l’autorisation de procéder au sauvetage.
  • Par le repérage de bateaux en détresse par des avions de surveillance. Des avions civils patrouillent au-dessus de la Méditerranée centrale afin de repérer les bateaux en détresse. Leur position est ensuite transmise au navire le plus proche.
  • Par l’écoute de conversations radio entre les bateaux à proximité. Le capitaine et le coordinateur ou la coordinatrice de recherche et de sauvetage évaluent si les transmissions radio indiquent la présence d’un navire en détresse. Si tel est le cas, l’autorisation de participer au sauvetage est demandée aux autorités compétentes.
Sauvetage et accueil à bord

Le sauvetage de personnes à bord d’un navire en détresse est un moment particulièrement critique. Nos équipes portent souvent secours à des bateaux déjà endommagés et sur le point de chavirer. De mauvaises conditions météorologiques ou une mauvaise visibilité de nuit peuvent également compliquer les sauvetages. Notre équipe de sauvetage est préparée à de telles situations grâce à un entrainement régulier.

Le sauvetage proprement dit s’effectue grâce à des canots pneumatiques rapides (photo) mis à l’eau depuis le navire de sauvetage Ocean Viking. Les canots pneumatiques s’approchent des embarcations en détresse et établissent le contact en plusieurs langues avec les personnes à bord, afin d’éviter tout mouvement de panique. Des gilets de sauvetage sont distribués à tout le monde puis l’équipe de sauvetage fait monter les rescapé.e.s par petits groupes à bord des canots. Les personnes en situation d’urgence médicale sont évacuées en premier, suivies des enfants, des femmes et des hommes.

Mary, membre de l’équipe de marins-sauveteurs de SOS MEDITERRANEE, explique la difficulté des opérations de sauvetage.

La vie à bord

Photo : Yann Levy et Fabian Mondl / SOS MEDITERRANEE
L’accueil à bord

A bord de notre navire de sauvetage, une équipe médicale reçoit et soigne les rescapé.e.s. Les personnes secourues reçoivent des vêtements propres, une serviette, une couverture, de l’eau et de la nourriture. Les femmes et les enfants sont hébergés dans un abri séparé. Un protocole Covid strict est appliqué. Tout le monde à bord est tenu de porter un masque de protection.

Le temps de la parole : les témoignages des personnes secourues

Durant le trajet entre le lieu du sauvetage et le lieu sûr de débarquement, nos équipes à bord documentent les histoires des personnes secourues. Cette tâche est importante afin de témoigner du sort des survivant.e.s et de leur donner une visibilité. Retrouvez ici une sélection de différents témoignages.

Le temps de l’expression

Étant donné qu’il faut souvent plusieurs jours pour que les personnes secourues se voient attribuer un endroit sûr où débarquer, nous avons à bord du papier, des stylos ou différents jeux afin de leur permettre de passer le temps, d’exprimer ce qu’ils et elles ont vécu et de partager leur joie d’être en sécurité (photo).

Julia, chargée de communication à bord de l’Ocean Viking, se rappelle de celui que tout le monde a surnommé « l’artiste » :

« Habituellement, après un sauvetage, toutes les personnes secourues reçoivent un sac contenant des articles de première nécessité, y compris des vêtements secs. Parmi ces vêtements, il y a un T-shirt blanc. Au bout d’une journée à bord, « l’artiste » a demandé des stylos et a commencé à décorer le t-shirt de chacun des rescapé.e.s selon ses souhaits. J’ai été étonnée de voir à quel point, malgré la situation exceptionnelle et épuisante dans laquelle ils se trouvaient, le jeune homme était concentré à sa tâche et les autres rescapé.e.s retrouvaient, grâce à lui, une partie de leur individualité et pouvaient par ce biais exprimer leur personnalité.»

Les femmes à bord

Photo : Anthony Jean / SOS MEDITERRANEE

Depuis le début de ses opérations de sauvetage en Méditerranée en 2016, SOS MEDITERRANEE a porté secours à plus de 5’000 femmes. Nul ne sait combien de femmes ont péri en mer pendant cette période. Nombre de femmes secourues ont été victimes de violences sexuelles durant leur parcours migratoire, notamment en Libye. Esther*, 17 ans, a partagé son témoignage avec nous.

Les femmes et les filles victimes de la traite des êtres humains et de la violence sexuelle

Les témoignages recueillis par les équipes à bord sont unanimes sur le sort réservé aux femmes sur la route migratoire, en Libye et en particulier dans les centres de détention. La plupart des femmes accueillies à bord sont meurtries par des violences sexuelles répétées, la plupart des enfants sont nés ou ont grandi derrière les barreaux en Libye. Voici le témoignage d’une sage-femme membre de l’équipage de l’Aquarius en 2017 :

« Une des femmes m’a expliqué qu’elle avait été pénétrée avec un canon de kalashnikov, à plusieurs reprises.  (…) J’ai entendu certains récits similaires des dizaines et des dizaines de fois, mais je ne peux pas m’y habituer. Certaines des femmes ont été tellement malmenées, surtout les mineures, qu’elles ne font plus la différence entre une relation sexuelle consentie et un viol ».

A bord des embarcations : les femmes et les enfants en grand danger

Au cours de leurs deux années d’intervention en mer Méditerranée centrale, les équipes de SOS MEDITERRANEE ont observé la position particulière donnée aux femmes à bord des embarcations en détresse. A bord des bateaux pneumatiques, elles sont placées au centre du bateau. Les témoignages recueillis à bord de l’Aquarius font notamment état d’une volonté des hommes à bord des embarcations de protéger les femmes en les plaçant le plus loin possible de l’eau et donc du risque immédiat de noyade.

Cette position est au contraire considérée par nos équipes de marins-sauveteurs comme particulièrement dangereuse. La position assise au centre des canots pneumatiques rend les personnes particulièrement vulnérables aux fuites d’essence, qui, au contact de l’eau salée, se transforme en substance toxique et brûle la peau. Le plancher des embarcations pneumatiques étant fait de planches de bois, positionnées à cet endroit à l’aide de clous dépassant souvent des planches, s’y asseoir provoque des blessures. Dans les cas où l’embarcation prend l’eau, des mouvements de panique peuvent vite se déclencher. Les personnes assises au fond de l’embarcation sont souvent les premières victimes de noyades à bord même du canot, des suites de bousculades, de piétinements et d’asphyxie.

A bord de l’Ocean Viking : un refuge au cœur du refuge

Dès leur arrivée à bord, les femmes sont accompagnées par les équipes vers une pièce à l’intérieur du navire appelée le « shelter » (refuge en anglais). Ce lieu garantit la protection des femmes et des enfants.  Aucun homme n’est autorisé à entrer dans cette zone, à aucun moment de la traversée.

La photo montre l’explosion de joie des femmes du « refuge » alors qu’elles apprennent qu’on leur a attribué un lieu sûr où débarquer. Lors d’une autre mission, un journaliste à bord a enregistré le chant de joie des femmes lorsqu’elles ont appris l’attribution d’un lieu sûr.

Grâce à la présence d’une sage-femme à bord, les femmes, notamment les femmes enceintes, bénéficient d’une attention particulière. Depuis 2016, les sages-femmes ont aidé six femmes à accoucher de leur bébé à bord de l’Aquarius. Les consultations des sages-femmes à bord offrent également des soins prénataux, le traitement des conséquences des violences sexuelles ainsi que des soins gynécologiques et des soins aux jeunes enfants.

 

Enfants naufragés : un devoir de protection

Photo : Yann Levy et Kenny Karpov / SOS MEDITERRANEE

Parmi les personnes qui effectuent le dangereux voyage à travers la Méditerranée centrale se trouvent de nombreux jeunes et enfants qui ont vécu des expériences souvent traumatisantes. Avant d’être des personnes migrantes, ils et elles sont avant tout des enfants et des jeunes, au même titre que les enfants d’Europe ou d’ailleurs. L’Ocean Viking est souvent le premier endroit où ils et elles peuvent se sentir en sécurité depuis leur départ, à savoir parfois depuis des années. « A bord, on assiste à la résurgence de leur désir de se comporter comme les enfants qu’ils sont : alors rejaillit la nature ludique de ces enfants trop vite devenus adultes, l’irrationnel et la légèreté » explique la marin-sauveteur Alessandro.

Près d’un quart des personnes secourues à bord de nos navires de sauvetage Aquarius et Ocean Viking sont des mineurs. La grande majorité d’entre eux voyagent seuls. 

Pourquoi ont-ils quitté leur pays ?

Les histoires personnelles des mineurs secourus sont à chaque fois différentes. La réalité et les raisons de leur fuite sont complexes. Dans leur pays d’origine, ces jeunes sont souvent exposés à des dangers majeurs et doivent prendre d’énormes risques pour y échapper. Les itinéraires de migration empruntés sont souvent extrêmement dangereux et les amènent à traverser plusieurs pays et déserts. Les mineurs qui ont fui via la Libye et qui ont ensuite été secourus par SOS MEDITERRANEE témoignent d’expériences particulièrement douloureuses dans leur pays d’origine et lors de leur parcours de migration.

Les risques de la migration

Selon les témoignages de plusieurs des mineurs secourus par SOS MEDITERRANEE, l’Europe n’était pas la destination prévue lorsqu’ils ou elles ont quitté leur pays. Lorsque les jeunes quittent leur pays, la destination finale est souvent indéterminée et peut changer en cours de route. Pour beaucoup cependant, la traversée vers l’Europe devient le seul moyen de sortir de « l’enfer libyen », selon le terme employé par les personnes migrantes pour décrire leurs conditions de vie en Libye.

Si la destination finale est souvent inconnue, une chose est toutefois certaine : ils et elles savent que leur vie est en danger tout au long du parcours migratoire. En route, ils et elles sont souvent victimes de vol, de travail forcé ou non rémunéré, d’enlèvement, d’emprisonnement, de violences physiques ou sexuelles et de torture. Ils ont également peu ou pas d’accès à la nourriture et aux soins médicaux. Les itinéraires migratoires des mineurs passent par des zones où les réseaux de trafic humain sont actifs. Un rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) paru en 2020 indique que les mineurs non-accompagnés sont particulièrement dépendants des trafiquants et sans défense face à eux. Pour financer leur voyage, les mineurs se mettent souvent dans des situations dangereuses.

Retrouvez davantage d’informations au sujet des mineurs non accompagnés dans notre publication « Jeunesse naufragée : témoignages sur les parcours de mineurs secourus par l’Aquarius et l’Ocean Viking ». Lire la publication

 

Assistance médicale et mesures Covid

Photo : Anthony Jean / SOS MEDITERRANEE
L’assistance médicale à bord

L’équipe médicale à bord de l’Ocean Viking est composée de quatre professionnel.le.s de la santé : un.e médecin, deux infirmier.e.s, une sage-femme et un.e chef.fe d’équipe médicale.

L’Ocean Viking dispose d’un module médical embarqué (photo). Le module comprend deux salles de consultation et de soins entièrement équipées, une infirmerie pouvant accueillir jusqu’à six patient.e.s et une zone de stockage des médicaments et des consommables.

L’équipe médicale prend en charge les rescapé.e.s à bord. Leur état de santé est souvent mauvais après des mois – voire des années – passés dans des camps de détention libyens et exposés à une violence extrême. De nombreuses personnes rescapées portent les stigmates de blessures par balle ou par arme blanche, de fractures multiples, de signes de torture, de maladies de la peau ou d’infections respiratoires (photo). Certaines des personnes secourues peuvent être dans un état d’urgence et avoir besoin d’une réanimation cardio-pulmonaire, souffrir d’hypothermie après des heures passées dans l’eau ou de brûlures cutanées causées par le contact avec un mélange d’eau de mer et de carburant dans les bateaux.

Lors d’opérations de sauvetage difficiles, lorsque plusieurs personnes se trouvent à l’eau et/ou lors d’urgences médicales multiples, ce sont l’ensemble des membres d’équipage de l’Ocean Viking qui sont chargés d’apporter les premiers secours. L’ensemble de l’équipage est formé pour ce que l’on appelle un « plan d’intervention en cas de catastrophe ». Dans les cas les plus graves nécessitant un traitement à terre, l’équipe médicale peut décider de demander une évacuation médicale par hélicoptère ou par bateau rapide.

L’équipe médicale est également responsable des soins médicaux prodigués à l’équipage de l’Ocean Viking.

Soutien psychologique

 L’équipe médicale assure également un soutien psychologique à bord. Nombre de personnes secourues racontent les tortures et les abus qu’elles ont subis pendant leur séjour dans les camps de détention libyens. De nombreux hommes et femmes ont également subi des violences sexuelles.

Le ou la responsable de l’équipe médicale à bord est le point de contact central pour les activités de protection. Il ou elle joue le rôle de médiateur culturel et coordonne la collecte des données des personnes secourues dans le respect des règles de confidentialité. Il ou elle s’assure également de la liaison avec les organisations et autorités sanitaires à terre afin de s’assurer que les rescapé.e.s reçoivent les soins et la protection humanitaire nécessaires après leur débarquement.

En juin et juillet 2020, Anne était à bord de l’Ocean Viking en tant que médecin. Pendant ce déploiement, la détresse psychologique d’un groupe de survivant.e.s est devenue si grave que certains d’entre eux ont tenté de se suicider et ont menacé de se faire du mal ou de s’en prendre à d’autres. En conséquence, l’équipe à bord a pris la mesure sans précédent de déclarer l’état d’urgence sur le navire.

Retrouvez ici l’interview complète avec Anne

Mesures de protection Covid

Depuis le début de la pandémie, nous appliquons des concepts sanitaires stricts. Nous avons établi de nombreuses mesures de protection, au prix d’un important effort logistique :

  • Nous suivons des mesures préventives strictes afin de réduire au maximum le risque d’infection au sein de l’équipage. Ainsi, toute l’équipe s’isole avant le départ et passe un test de dépistage du Covid-19 avant de monter à bord du navire.
  • Des protocoles spécifiques sont mis en œuvre à bord : masques et combinaisons de protection font désormais partie de l’équipement des sauveteurs et de l’équipe médicale (photo).
  • Les personnes à bord sont constamment observées afin de détecter le plus tôt possible les cas suspects symptomatiques. Cela inclut la prise quotidienne de la température de chacun.e.
  • L’isolement des personnes présentant des signes et des symptômes de Covid-19 est possible à bord de l’Ocean Viking. L’équipe médicale de SOS MEDITERRANEE est qualifiée pour apporter les soins nécessaires aux malades en appliquant des procédures de quarantaine strictes.
  • Depuis la mi-2020, toutes les personnes rescapées ainsi que l’équipage sont soumis à un test de dépistage du Covid-19 par les autorités sanitaires italiennes avant de pouvoir débarquer.

Portraits

Photo: Kenny Karpov et Isabelle Serro / SOS MEDITERRANEE

Les raisons pour lesquelles les personnes fuient leur pays sont multiples.  Chacun.e a sa propre histoire et ses raisons qui l’ont poussée à fuir. C’est souvent la guerre et la violence qui obligent les gens à quitter leur foyer. Mais d’autres raisons telles que les violations des droits humains, la pauvreté ou les conséquences du changement climatique sont également des motifs d’émigration. Lisez les témoignages des personnes rescapées à bord de l’Aquarius et de l’Ocean Viking en cliquant sur les liens dans le texte ci-dessous.

Guerres et violences

Les guerres civiles, les conflits armés ou la violence des milices terroristes rendent impossible une vie normale. Dans la plupart des cas, la violence est aussi spécifiquement dirigée contre les civils et conduit à la destruction complète des moyens de subsistance de ces personnes.

Les personnes secourues à bord de l’Aquarius et de l’Ocean Viking ont fui la guerre et la violence dans des pays tels que la Somalie, le Nigeria, le Sud-Soudan, le Cameroun et la Libye. Bien que leurs histoires soient toutes différentes, elles ont une chose en commun : ces personnes ont dû tout quitter pour se mettre en sécurité avec leur famille.

Violation des droits humains

De nombreuses personnes fuient leur pays pour se protéger des persécutions et des violations des droits humains. Souvent, les personnes sont discriminées, voire persécutées, en raison de leur religion, de leur origine ethnique, de leur orientation sexuelle, de leur genre ou de leurs convictions politiques.

Les jeunes filles qui sont montées à bord de nos navires de sauvetage nous ont raconté comment elles ont souvent dû fuir leur foyer pour échapper à un mariage forcé, à des mutilations génitales et des violences domestiques. Maimouna*, 17 ans, a été excisée lorsqu’elle était petite fille. Aujourd’hui encore, elle souffre des conséquences de cette intervention. Pour protéger sa fille du même sort, elle a quitté la Côte d’Ivoire avec son mari. Retrouvez son témoignage ici.

En Libye, les violations des droits humains sont massives et les personnes migrantes en sont les principales victimes. Les détentions arbitraires, les agressions sexuelles, le travail forcé et l’esclavage sont monnaie courante.  Moussa* a été secouru par l’équipage de l’Ocean Viking en novembre 2019 après avoir été détenu arbitrairement et torturé en Libye : « J’ai été enfermé là-bas pendant six mois, torturé avec des chocs électriques et battu à plusieurs reprises. Ce n’est que lorsque j’ai pu réunir assez d’argent que j’ai été libéré. » D’autres ont raconté la réalité des camps de prisonniers en Libye : « Ils ne nous donnaient rien à manger. Seulement de l’eau salée. Nous avons été battus et torturés sans fin jusqu’à ce que nos parents envoient de l’argent pour nous faire libérer. »

 Les viols et les violences sexuelles, en particulier à l’encontre des femmes, sont monnaie courante dans les centres de détention libyens. Voici le témoignage d’Aya*, 22 ans, après son sauvetage en mars : « Les femmes sont emmenées dans un coin où elles sont parfois même violées par deux ou trois personnes en même temps. Puis ils les remettent dans une cellule. J’ai vu des femmes partir et revenir. Les viols sont monnaie courante dans les prisons. »

Face à une telle situation, les personnes victimes n’ont qu’une seule solution de fuite : la traversée de la Méditerranée vers l’Europe.

Nous espérons que ce parcours photo vous aura permis de mieux connaître la situation en Méditerranée centrale, le fonctionnement du sauvetage en mer dans cette région et la réalité des personnes migrantes.

Notre travail ne serait pas possible sans le soutien de nombreuses personnes, organisations et entreprises qui s’engagent à nos côtés pour plus d’humanité en Méditerranée. Vous aussi, soutenez notre action à votre manière.

[1] IOM, Missing Migrants, https://missingmigrants.iom.int/region/mediterranean

[2] https://www.sosmediterranee.fr/journal-de-bord/le-calvaire-des-meres-de-la-mediterranee

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