Le 13 mars 2024, l'équipage de l'Ocean Viking a trouvé un canot pneumatique avec 25 personnes en détresse. Deux d'entre elles étaient inconscientes. Ils avaient passé une semaine en mer, presque sans nourriture ni eau. Au moins six personnes ont perdu la vie. Les deux personnes inconscientes ont été évacuées médicalement, mais l'une d'entre elles est décédée plus tard à l'hôpital. Après un transfert, 23 survivants ont finalement été ramenés à terre en Sicile, où ils ont pu recevoir des soins médicaux appropriés dont ils avaient un besoin urgent.

‍‍Avertissement: dans ce rapport, nous parlons de personnes qui sont mortes en Méditerranée.

Thérèse, conductrice du RHIB (bateau de sauvetage rapide) "Easy 2", décrit comment l'équipage a trouvé les 25 personnes dans le canot pneumatique :

"Cette fois, le bateau n'est pas surchargé.

Sur ce type de canot pneumatique, jusqu'à cent personnes pourraient s'entasser les unes contre les autres. Les chambres à air et la structure ne sont pas endommagées. Mauvaise finition, mais on a déjà vu pire. En effet, le bateau tient bon. Cependant, le moteur ne fonctionne pas, il se trouve à l'arrière avec l'hélice en l'air. Nous pouvons voir quelques personnes, sinon le silence règne. Mais où sont tous les autres ?

Sont-ils tombés par-dessus bord au moment du départ ou plus tard, dans une mer agitée ? Ont-ils perdu connaissance, étourdis par la fatigue et les vapeurs d'essence ? Non, ce n'est pas ça, pas dans de telles proportions. Il en manque des dizaines. C'est autre chose.

Les absents mouraient sur le bateau. Ils mouraient lentement de faim et de soif. Ils mouraient parce qu'ils buvaient de l'eau de mer. Cela dura longtemps. Pendant des jours et des nuits, ils les voyaient et les sentaient mourir.  

Ils ont lancé des appels de détresse pour demander de l'aide. Ils ont vu des hélicoptères et des bateaux qui ne les cherchaient pas. Ils faisaient des signes, criaient et pleuraient. Et ils mouraient, l'un après l'autre. L'un devant l'autre. Il n'y a pas de corps dans l'épave. Les corps des êtres aimés étaient un fardeau à jeter à la mer. Deux hommes allongés au fond du bateau sont présumés morts. Ils respirent encore. Sur les civières, les survivants ne pèsent rien, ils sont si légers ! Le poids de leur âme et rien de plus.

Nous les avons trouvés par hasard, parce que nous étions là, en train de patrouiller en haute mer au large de la Libye. Par hasard, ils sont passés à portée de nos jumelles et de nos radars. Ils ont dérivé pendant une semaine, abandonnés. Abandonnés par l'Europe, malgré toutes les lois qui prescrivent l'aide aux personnes en danger. Malgré le droit maritime international qui impose le sauvetage en mer. Il y a 24 survivants qui peuvent témoigner. Et nous avec eux".

Crédits Photo de couverture : Tara Lambourne / SOS MEDITERRANEE

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