Ibrahima était l'un des 25 survivants secourus le 13 mars 2024 après sept jours en mer. Une soixantaine de personnes qui se trouvaient sur son bateau ont perdu la vie pendant le voyage.

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‍Jem'appelle Ibrahima*, j'ai 14 ans et je viens de la ville de Serekunda en Gambie. Je voyage seul. J'ai passé trois ans en Libye, puis j'ai décidé de quitter la Libye. Je suis parti de mon pays [la Gambie] après la mort de mes parents. J'ai perdu mon père en 2014 et ma mère en 2021. Avant, j'allais à l'école, mais ensuite je n'avais plus personne pour m'aider.

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Certains amis m'ont parlé de personnes qui voyageaient en Europe. J'ai décidé de faire de même pour aider ma famille (ma sœur) et mes amis. Beaucoup de gens autour de moi n'avaient pas assez à manger. J'ai voyagé de la Gambie, au Sénégal, au Mali, au Burkina Faso, j'ai traversé le désert au Niger, puis je suis arrivé en Libye. Pendant deux mois, j'ai traversé le désert. Je n'avais pas assez d'eau et je buvais un mélange d'huile et d'eau. En Libye, j'ai travaillé comme laveur de voitures. La Libye est très triste. La mafia m'a frappé et m'a cassé la jambe.

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Nous sommes partis avec environ 85 personnes, dont 4 femmes et un bébé. Le deuxième jour, le moteur est tombé en panne, il n'y avait plus de nourriture ni d'eau. J'ai vu des amis mourir et des gens perdre la raison. Une nuit, une femme a enlevé tous ses vêtements et nous ne pouvions pas comprendre ce qu'elle disait. Elle venait du Nigeria, je ne parlais pas sa langue.

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D'autres sont morts en route parce que nous n'avions pas assez de nourriture et d'eau. Il y avait des bateaux de pêche à proximité, nous leur faisions signe, mais personne ne nous voyait. Nous devions boire de l'eau de mer pour survivre.

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Quand j'ai vu l'Ocean Viking, j'ai pleuré. J'ai pensé "Dieu merci". Nous avons souffert. Nous n'avions pas de nourriture ni d'eau. Sur le bateau, j'ai pensé à ma sœur. Je l'ai appelée le jour où j'ai quitté la Libye, et depuis, je n'ai plus eu de nouvelles. Je me suis dit qu'elle devait être tellement inquiète. Ce voyage est difficile. Si j'avais su, je ne l'aurais jamais fait, je ne serais jamais montée sur ce bateau. Je dois dire à mes amis de ne pas y aller.

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*Le nom du survivant a été changé pour le protéger.

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Crédits Photo de couverture : Johanna de Tessieres / SOS MEDITERRANEE

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