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Nouveaux défis pour le sauvetage en mer dans le centre de la Méditerranée

8
Février
2024

Ces derniers temps, notre équipage sur l'Ocean Viking est régulièrement confronté à des comportements agressifs de la part des garde-côtes libyens lors d'opérations.

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Nouveaux défis pour le sauvetage en mer dans le centre de la Méditerranée

8
Février
2024

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Depuis novembre 2023, il est arrivé à deux reprises qu'une personne refuse d'être évacuée d'un bateau en détresse à la fin d'un sauvetage par SOS MEDITERRANEE. La personne a préféré quitter la zone d'intervention une fois que toutes les autres personnes étaient montées à bord de nos bateaux de sauvetage rapide. Les incidents se sont tous produits dans la même zone maritime, les eaux internationales de la région de recherche et de sauvetage libyenne. En novembre 2023, après l'évacuation de 33 personnes d'une embarcation inapte à la navigation et surpeuplée en détresse, la dernière personne restante à bord d'une embarcation de fortune a soudainement démarré son moteur et quitté la zone d'intervention. En plus de 350 opérations de sauvetage menées par SOS MEDITERRANEE, c'était la première fois que notre équipe était confrontée à une telle situation. Environ un mois plus tard, à la mi-décembre, notre équipe a vécu une situation similaire à bord de l'Ocean Viking. L'homme, qui souhaitait rester à bord, a indiqué à notre équipe sur le bateau de sauvetage et à un journaliste indépendant qu'il devait retourner en Libye parce que sa femme y était retenue prisonnière. Les informations concernant ces incidents ont été directement transmises aux autorités compétentes. SOS MEDITERRANEE intervient dans les eaux internationales de la Méditerranée centrale pour secourir des personnes en détresse, conformément aux conventions internationales du droit de la mer. Le droit maritime définit des obligations spécifiques qui ne doivent pas être violées. Le non-respect de ces obligations constitue une violation de la loi. Pourquoi les moyens de recherche et de sauvetage maritimes sont-ils indispensables en Méditerranée centrale ? En 2023, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), au moins 2.498 femmes, enfants et hommes sont morts ou ont disparu en Méditerranée centrale, et il ne s'agit là que des décès connus. Il s'agit du nombre de décès le plus élevé depuis 2017. La plupart de ces décès et disparitions ont eu lieu dans la région de recherche et de sauvetage libyenne, où la coordination des opérations SAR est quasiment inexistante et où les garde-côtes libyens agissent régulièrement de manière dangereuse et illégale. Le tragique naufrage du 16 décembre, qui a coûté la vie à au moins 61 personnes, est un triste exemple du manque mortel de capacités SAR dans cette région. Ce naufrage, comme d'innombrables autres dont nous avons connaissance et probablement beaucoup d'autres qui n'ont pas été documentés, s'est produit dans la même zone maritime.

En outre, l'équipe à bord de l'Ocean Viking a entendu des témoignages de survivants sur les mesures d'interception et de rapatriement dangereuses et contraires au droit au repos prises par les garde-côtes libyens dans cette région des eaux internationales au large de la Libye et en a été elle-même témoin. Dans plusieurs cas, le comportement agressif des équipages des patrouilleurs des garde-côtes libyens a mis en danger la vie des naufragés. Selon les institutions de l'UE et des Nations unies, la Libye n'est pas qualifiée de "place of safety", un lieu sûr pour le débarquement des personnes secourues. Le débarquement en Libye de personnes secourues en mer constitue donc une violation du droit maritime. D'innombrables témoignages de survivants, tant sur l'Ocean Viking qu'auprès des institutions des Nations unies, ont fait état de détentions arbitraires et d'un cycle d'exploitation, d'extorsion et de violence après des opérations d'interception et de rapatriement par les garde-côtes libyens. Quels sont les critères de la détresse en mer qui déclenchent l'obligation de sauvetage?Le droit maritime, et plus précisément la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), stipule que tout navire en mesure de porter secours à des personnes en détresse en mer doit le faire. Les occupants des bateaux, dont une personne a refusé d'être évacuée, étaient objectivement en détresse en mer. Ne pas aider les personnes en détresse sur ces bateaux constituerait donc une violation du droit international. Les critères qui définissent la détresse en mer sont clairement définis dans les règlements internationaux et européens, comme le règlement (UE) n° 656/2014. Plusieurs éléments doivent être pris en compte pour déterminer si un bateau est en détresse :

  1. l'existence d'une demande d'assistance, étant entendu que cette demande ne doit pas être le seul critère permettant de conclure à l'existence d'une situation de détresse en mer
  2. l'état de navigabilité du navire et la probabilité que le navire n'atteigne pas sa destination
  3. le nombre de personnes à bord par rapport au type et à la nature du navire
  4. la disponibilité des approvisionnements nécessaires, comme le carburant, l'eau et la nourriture, pour atteindre une côte
  5. la présence d'un équipage qualifié et la conduite du navire
  6. la disponibilité et la capacité des équipements de sécurité, de navigation et de communication
  7. la présence à bord de personnes ayant besoin d'une assistance médicale urgente
  8. la présence de personnes décédées à bord
  9. la présence à bord de personnes enceintes ou d'enfants
  10. les conditions météorologiques et maritimes, y compris les prévisions météorologiques et maritimes

Tous les bateaux sauvés par SOS MEDITERRANEE répondent non pas à un, mais à plusieurs de ces critères. Les deux bateaux sauvés en décembre et novembre 2023 étaient inadaptés à la navigation en haute mer et surchargés, aucune des personnes en détresse n'était certifiée pour piloter un bateau, le bateau ne disposait pas d'équipements de sécurité essentiels et de gilets de sauvetage, tous les naufragés étaient exposés aux éléments sans protection et dans certaines situations, les conditions météorologiques étaient mauvaises. Pourquoi l'Ocean Viking est-il obligé de toujours communiquer publiquement sa position actuelle ? SOS MEDITERRANEE n'a jamais été en contact avec des personnes en Libye qui ont l'intention de traverser la Méditerranée et nous ne communiquons pas publiquement la position ou l'itinéraire de l'Ocean Viking. Cependant, les règles de sécurité maritime obligent tous les navires d'un certain tonnage à être équipés d'émetteurs-récepteurs de système d'identification automatique (AIS) qui transmettent les données de navigation aux récepteurs AIS. À ce titre, tous les navires peuvent être suivis sur les services de trafic maritime, les cartes électroniques et les sites web de suivi des navires accessibles au public. La position de l'Ocean Viking doit donc être accessible publiquement à tout moment pour toute personne ayant accès à Internet. Éteindre l'émetteur-récepteur AIS pour dissimuler la position et l'itinéraire du navire n'est pas légal et n'est donc pas une option. Nous continuerons à sauver les personnes en détresse en mer. Les enquêtes en mer relèvent de la responsabilité des autorités publiques. Nous continuerons à surveiller de près la situation et à communiquer de manière transparente avec les autorités, comme nous l'avons toujours fait. Les personnes qui fuient la Libye n'ont pas d'autre choix que de risquer leur vie en mer pour échapper à la violence et aux violations des droits de l'homme dans le pays. Une augmentation des mesures d'interception et de rapatriement et l'absence d'alternatives sûres et légales pour trouver une protection conduisent à une adaptation des itinéraires et des techniques. Plus il devient difficile pour les personnes d'échapper aux terribles abus en Libye, dont les survivants parlent depuis des années à nos équipes à bord, plus elles sont contraintes de compter sur les passeurs et les trafiquants d'êtres humains. Tant que des personnes seront contraintes de traverser la mer pour trouver un abri et qu'il n'y aura pas d'initiative dirigée par l'État pour mettre fin au nombre croissant de décès en Méditerranée, nous poursuivrons notre mission de sauvetage en mer afin de maintenir le droit maritime et le devoir de sauvetage.

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