Retour

Les femmes sauvées sur l'Ocean Viking

8
March
2022

Depuis 2016, SOS MEDITERRANEE a pu sauver 5232 femmes en détresse en mer, ce qui représente environ 15% du nombre total de personnes secourues.

Retour

Les femmes sauvées sur l'Ocean Viking

Pays d'origine

Date du sauvetage

Âge

Depuis le début de ses interventions en 2016, SOS MEDITERRANEE a pu sauver un total de 5'232 femmes (une proportion d'environ 15% du total des 34'878 personnes sauvées). Personne ne peut dire combien de femmes ont perdu la vie en mer durant cette période.

Crédits : Giannis Skenderoglou / SOS MEDITERRANEE

Les 19 et 20 février 2022, 247 personnes sauvées ont pu quitter l'Ocean Viking. Parmi eux se trouvaient cette jeune femme et son bébé de cinq mois. Ils ont dû attendre en mer pendant une semaine l'attribution d'un port sûr, alors que le temps se dégradait de plus en plus. De telles périodes d'attente sont particulièrement éprouvantes pour les jeunes enfants, les mères allaitantes et certaines personnes particulièrement vulnérables, qui peuvent se déshydrater en raison des nausées provoquées par le mal de mer.  


‍ATTENTION
: Cerapport contient des descriptions de violences physiques et sexuelles."Toute personne a droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de sa personne. (...) Nul ne peut être tenu en esclavage ou en servitude. Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants". Les premiers articles de la Déclaration universelle des droits de l'homme énumèrent les nombreuses violations que les femmes sauvées à bord de l'Aquarius puis de l'Ocean Viking nous racontent de leur fuite. Mais malgré les violences subies, malgré les dangers de la fuite en mer, les femmes sauvées impressionnent par leur force incroyable: "Lorsque nous parvenons à retrouver des corps et à identifier le sexe des victimes, nous constatons que ce sont bien plus souvent des femmes qui perdent la vie en mer ou dans le désert" , explique Camille Schmoll, directrice d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Mais personne ne sait combien de femmes sont mortes en Méditerranée sur les 23 000 morts depuis 2014, selon l'Organisation internationale pour les migrations [1]. Le nombre de cas non recensés est encore bien plus élevé.

Crédits : Fabian Mondl/ SOS MEDITERRANEE

Une traversée dangereuseFaduma*était l'une des 314 personnes secourues par les équipes de l'Ocean Viking en novembre 2021. Elle a expliqué qu'une nuit, le passeur s'était rendu là où ils se cachaient pour les amener sur la plage :

"Il y avait tellement de monde qu'un petit bateau comme celui qui nous attendait n'était pas suffisant. Certaines personnes, dont moi, ont dû monter dans le bateau. Nous avons dû passer la plupart du temps à bord, recroquevillés les uns sur les autres. Avec les hautes vagues et sans envie fraîche, je me sentais mal. C'était terrible". [récit complet de Faduma]

Depuis le début des opérations de sauvetage de SOS MEDITERRANEE, les équipes de secours ont observé que les femmes en fuite se voient attribuer une position particulière à bord des embarcations. Elles se trouvent généralement au milieu, c'est-à-dire à l'intérieur. Selon les témoignages des personnes sauvées, les hommes à bord placent les femmes le plus loin possible de l'eau afin de les protéger de la noyade. Cependant, les sauveteurs en mer* considèrent cette position comme particulièrement dangereuse, car les personnes au milieu du bateau sont exposées à l'essence qui s'écoule et qui, mélangée à l'eau salée, se transforme en une substance toxique qui brûle la peau.Pendant les opérations de sauvetage, les sauveteurs en mer* distribuent des gilets de sauvetage à tous les naufragés, évacuent les urgences médicales et mettent ensuite les femmes et les enfants en sécurité en premier. Les enfants sont secourus soit avec leur mère, soit avec un autre accompagnateur. Le fait que les personnes les plus vulnérables - c'est-à-dire les blessés, les femmes et les enfants - soient prioritaires est un principe fondamental du sauvetage en mer.

Photo : Laurin Schmid / SOS MEDITERRANEE

Les femmes en fuite Si les femmes peuvent décider de quitter leur pays d'origine pour les mêmes raisons que les hommes (guerre, conflits, persécution, pauvreté, faim, recherche de meilleures conditions de vie...), elles fuient plus souvent que les hommes les violences domestiques et sexuelles, notamment les mariages forcés. Parfois, elles quittent aussi leur pays pour protéger leurs enfants - souvent contre l'excision pour les petites filles - et leur offrir de meilleures perspectives d'avenir.

"J'ai fui la Côte d'Ivoire pour éviter que ma fille d'un an et demi ne subisse une mutilation génitale. Je ne voulais pas qu'elle subisse le même sort que moi, car l'excision est une tradition dans notre pays". [récit complet de Maïmouna]

De nombreuses femmes secourues par les équipes de SOS MEDITERRANEE ont été victimes de violences sexuelles pendant leur fuite - surtout en Libye. La violence qui leur a été infligée a laissé dans de nombreux cas des traces physiques visibles et des dommages psychologiques invisibles. De même, beaucoup étaient épuisées, en hypothermie et déshydratées en raison de la traversée. Leur peau était en outre abîmée par le mélange d'eau de mer et d'essence auquel ils sont exposés sur les bateaux. Les collaborateurs de SOS MEDITERRANEE entendent régulièrement des histoires comme celle d'Aya*, 22 ans, qui a été secourue début 2020 avec son mari et sa fille dans les eaux internationales au large de la Libye.

"Les femmes sont emmenées dans un coin où elles sont parfois même violées par deux ou trois personnes en même temps. Ensuite, ils les renvoient dans une cellule. J'ai vu des femmes partir et revenir. Imagine-les : Elles étaient détruites, elles voulaient se suicider, elles avaient perdu leur dignité. C'est très, très difficile à voir. Et c'est très effrayant. Dans les prisons, les viols sont monnaie courante".[récit complet d'Aya]

Photo : Kenny Karpov / SOS MEDITERRANEE

Angèle*, 27 ans, secourue en janvier 2021 par l'équipe de SOS MEDITERRANEE à bord de l'Ocean Viking, a également souhaité s'exprimer sur les mauvais traitements qu'elle a subis et dont elle a été témoin lors de sa détention arbitraire en Libye.

"J'ai passé cinq mois en prison. La prison d'Oussama, le pire. Mes parents ont payé la rançon pour me faire sortir, mais ils ne m'ont pas laissée partir. Ce qu'ils font aux femmes là-bas ne peut plus être appelé viol. Il n'y a pas de nom pour ce qu'ils font aux femmes. Cela arrive tous les jours. [...] Mais les voir violer des bébés, c'est pire. Ils forcent les petits enfants à faire des choses. Si la mère essaie de les arrêter, ils la violent. Ils ont des armes, des barres de fer, ils écrasent leurs cigarettes sur ton corps. Et ils le filment. Ils ont tous des téléphones, ils filment tout. [...] Je me suis échappée parce qu'ils m'ont crue morte et m'ont abandonnée. Ils m'ont jeté dans un conteneur à l'extérieur, complètement nu. C'est comme ça que je me suis échappé. [...] Il faut avoir de la chance. J'ai vécu cinq mois en enfer".[récit complet d'Agnèle]

Photo : Kevin Mc Elvaney / SOS MEDITERRANEE

À bord : le refuge pour femmes - un refuge dans le refuge Dès que les femmes sont mises en sécurité à bord de l'Ocean Viking, elles sont accompagnées par l'équipe de sauvetage dans un espace appelé "shelter" (en anglais : refuge, abri), qui garantit la protection des femmes et des mineurs non accompagnés. Les hommes ne sont pas autorisés à y pénétrer, car le "shelter" est un espace de confidentialité où, entre autres, la sage-femme à bord gère une salle de soins séparée. Dans ce "safe space", les femmes peuvent parler librement et demander un traitement médical si nécessaire.En moyenne, depuis le début des missions de SOS MEDITERRANEE, huit pour cent de toutes les femmes secourues étaient enceintes. Beaucoup d'entre elles étaient en outre en fuite avec des bébés ou des enfants, parfois sans être accompagnées d'un homme. Elles sont prises en charge par la sage-femme et l'équipe médicale. En décembre 2021, Makbyel, âgé de onze jours, et sa mère ont été sauvés par l'équipe de sauvetage de l'Ocean Viking. Elle l'avait mis au monde quelques jours plus tôt dans un camp libyen et souffrait beaucoup en raison de l'accouchement difficile en Libye et de sa fuite dangereuse peu après.

Photo : Laurence Bondard / SOS MEDITERRANEE

Donner une voix aux femmes sauvées
‍En plus
des opérations de sauvetage en Méditerranée centrale, SOS MEDITERRANEE s'engage à documenter et à témoigner de la crise humanitaire sur place et à porter la voix des personnes sauvées à l'extérieur. Ceci est d'autant plus important pour donner une voix aux femmes, dont la présence est souvent limitée dans les discours sur la fuite et la migration, et pour leur permettre de parler d'elles. Les femmes que nous avons rencontrées à bord de nos bateaux de sauvetage nous ont impressionnées par leur résistance et leur force extraordinaires. Ce sont des héroïnes à qui nous voulons donner la parole. Pendant le temps passé à bord, de nombreuses femmes s'ouvrent et partagent leurs histoires : leurs espoirs, leurs rêves, mais aussi leurs peurs et ce qu'elles ont vécu pendant leur fuite ou dans leur pays.

"J'ai décidé de réessayer, car je ne pouvais pas supporter de voir mon fils dans une vie sans espoir. J'ai rassemblé tout le courage que je pouvais et nous sommes repartis. Il faisait nuit, les vagues étaient hautes, j'avais le mal de mer. Mais cette fois, vous êtes apparu sur la scène et dès le premier instant, j'ai su que vous n'étiez pas les Libyens. Vous nous avez parlé avec respect et calme. Vous nous avez sauvés d'une manière sûre. Je suis tellement reconnaissante". [lire le récit complet de Maha]

Photo : Flavio Gasperini / SOS MEDITERRANEE

* Les noms ont été modifiés afin de protéger l'anonymat des femmes qui témoignent. Les photos sont fournies à titre d'illustration et ne correspondent pas aux survivants cités.[1] " Missing Migrants " IOM : https://missingmigrants.iom.int/

Actualités

Thèmes
18.9.2024

Le chant des vagues : Un film d'animation sur le thème du sauvetage en mer

Une fillette de 6 ans dérive en Méditerranée et observe un étrange phénomène... Un film d'animation qui aborde la réalité de la Méditerranée.
Thèmes
Témoignage
11.9.2024

L'équipe à bord de l'Ocean Viking

Ralph est un membre important des équipes de l'Ocean Viking. Il pilote l'un de nos trois RHIbs pour sauver des personnes en détresse en mer.
Témoignage

RESTEZ INFORMÉ

Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir des informations sur les opérations de sauvetage d'Ocean Viking, des invitations à des actions et des informations sur la situation en Méditerranée !

En cliquant sur S'abonner, tu confirmes que tu acceptes notre déclaration de protection des données.
Merci beaucoup pour ton inscription ! Nous nous réjouissons de te faire part de nos nouveautés et de nos mises à jour.
Quelque chose s'est mal passé lors de l'envoi du formulaire.
Ce site utilise des cookies essentiels et des services externes pour assurer son bon fonctionnement et des cookies de suivi pour comprendre comment vous interagissez avec lui. Voir notre déclaration de confidentialité.