Genève, le 29/01/25

Hier soir, une petite fille de sept ans a perdu la vie après avoir été secourue en mer. Alors qu’elle venait d’être mise en sécurité à bord de l’Ocean Viking par nos équipes, son cœur s’est arrêté de battre. Immédiatement prise en charge par notre équipe médicale, elle a pu être réanimée après 45 minutes d’efforts. Mais après son évacuation médicale en urgence, par hélicoptère, vers Malte avec sa mère et sa sœur, nous avons appris, avec une immense tristesse, qu’elle n’a pas survécu.

Cette tragédie a profondément marqué nos équipes. Au-delà du choc et du deuil, elle incarne l’horreur absolue à laquelle nous assistons en Méditerranée centrale : des enfants, des femmes et des hommes meurent en mer, victimes d’un abandon délibéré. Leur mort n’est pas une fatalité, mais la conséquence de décisions, de lois et d’un système qui les dépasse.

Des opérations de sauvetage sous haute tension, un éloignement absurde des lieux de débarquement

Au cours de la journée, un premier sauvetage a eu lieu : 22 personnes ont été mises en sécurité après une alerte d’Alarm Phone. Plus tard, nos équipes ont secouru 92 autres personnes, dont la fillette décédée cette nuit, à bord de deux embarcations en détresse dans la région de recherche et de sauvetage maltaise.

Aujourd’hui, l’Ocean Viking est contraint de rallier Ancona, à plus de 1'400 kilomètres de la zone de sauvetage, un trajet qui nécessitera 3,5 jours de navigation supplémentaires avant que les 111 rescapés ne puissent enfin toucher terre. Ces personnes, originaires principalement du Pakistan, de Syrie et du Bangladesh, ont fui la Libye, un pays où les violences et la détention arbitraire les exposent à des souffrances indicibles.

Cet absurde éloignement des ports de débarquement, imposé par les pays du continent européen, met gravement en péril leur santé physique et mentale.

L’inhumanité à l’œuvre : silence et indifférence des États du continent européen

Ce que nous vivons en mer, ce que nous racontent les rescapés, c’est un effondrement de l’humanité.

Des enfants, des femmes, des hommes meurent en Méditerranée. Des familles entières risquent leur vie dans des embarcations de fortune, privées d’un sauvetage digne, humain et rapide. Nous n’avons pas le droit de détourner le regard. Pas le droit de taire la situation.

« Chaque jour, nos équipes font face à une mer devenue cimetière. Chaque jour, nous nous demandons combien d’autres vies nous aurions pu sauver si un véritable dispositif de sauvetage existait. Seulement depuis le début du mois, nous avons mis en sécurité près de 300 personnes. Mais nous avons aussi fait des milliers de kilomètres inutiles, vidant la Méditerranée de l’un de ses seuls navires de sauvetage, avec pour conséquence directe, la mort d’hommes, de femmes et d’enfants », déclare Elliot Guy, le nouveau Directeur Général de SOS MEDITERRANEE en Suisse.

Le sauvetage en mer n’est pas une option, c’est une obligation légale et morale. Les pays du continent européen doivent cesser de faire le choix de l’indifférence et rétablir d’urgence une véritable mission de recherche et de sauvetage en mer.

Nous ne cesserons jamais de témoigner. Grâce à nos équipes, aux photographes et aux journalistes embarqués, nous portons la mémoire de cette enfant, nous racontons cette nuit de détresse, et nous refusons que ces drames deviennent invisibles.

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Photos et vidéos de la mission

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Elliot GUY - Directeur Général
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